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Prologue

« C’est l’envie d’avoir envie qui fait les grands Hommes. »

         J’y ai toujours cru. J’ai toujours cru que l’on était maître de son destin. Que ce soit sous la métaphore de livre que l’on écrit, d’une énergie vitale qui nous pousse, ou le vent qui nous emporte, j’ai toujours rejeté la fatalité de la soi-disant destiné. Lorsqu’on a les mêmes ambitions que les miennes, on ne peut se contenter d’attendre les choses en tendant les bras au hasard. On a choisi ce que l’on est et ce que l’on deviendra. On est ce qu’on mérite. Quoi qu’il se passe et de comment l’on peut évoluer. Les idéaux sont de forts stimulants contre la passivité. J’ai beaucoup de mépris pour ceux qui se laisse guider par cette force inconnue. Elle est un trouble contre notre lucidité. Elle nous pousse à l’abandon. Elle nous pousse à se jeter dans les bras, dans toute son entièreté, d’un Dieu, dont on ne connait le nom, et pour lequel on se bat corps et âme. Nous sommes ici pour changer les choses. Nous avons le devoir de pousser le destin en direction de nos attentes. Il faut penser égoïstement si on veut toucher du doigt tout ce dont on a rêvé. Je prends le contrôle, et j’aime ça. Je suis ce pour quoi je me suis toujours battue. Je suis une battante. Une battante contre la vie et la fatalité, mon destin, mon dieu, s’il y en a un. Elle est mon étincelle de vie. Je me nourris de cette force.  Et lorsque cette flamme se sera éteinte, s’en sera fini pour moi.

 

            Fixe, plongée dans son introspection, Anaïs, du nom de Morier, tenait le regard au loin sur le balcon de l’hôtel. Inspiration, expiration. La fumée s’échappait délicatement d’entre ses lèvres, cachant partiellement son visage. Epaisse et à la fois délicate, elle jouait avec les couleurs artificielles de la pièce, et celle de la nuit. C’était un spectacle esthétique que peu de gens savent remarquer et admirer de nos jours. La lumière de la chambre embrassait la courbe d’un homme endormi derrière elle. Un homme, un inconnu, un être, son identité importait peu à Anaïs. Par son travail, mais surtout son évolution personnelle, elle avait appris à se détacher des histoires des autres, tant qu’ils remplissaient le contrat. C’est-à-dire : du plaisir et un pas de plus gagné vers sa gloire. Les moments de partage, comme elle venait de passer, lui nécessitait quelques minutes d’isolement psychologique. La cigarette était une bonne excuse. Inspiration, expiration. Une bouffée de plus qui lui procurait une sensation de liberté, par le relâchement de tout son être. Son thorax diminuait en épaisseur, tandis qu’elle levait son visage vers le ciel noir, étirant son cou. Anaïs observait la ville, vive en tout temps de la journée. Paris. La ville des grands Hommes, de ceux qui font et qui ont fait l’Histoire. La ville du pouvoir, de la consécration. La ville de l’apothéose. Anaïs se nourrissait des promesses que Paris lui fournissait pour conforter ses envies. Les petites tâches de lumières au loin étaient semblables à une mer divine. Ces étoiles dansaient au rythme des habitants, faisaient battre le cœur de la cité. Elles lui chuchotaient des idées folles.

            Paris symbolisait la fin de son combat acharné contre sa propre destinée, une fin éblouissante. Mais elle-même croyait peu à cette pensée. Anaïs Morier était de ces gens toujours insatisfaits, inassouvis par le meilleur. Comme les gras, elle ne pouvait s’arrêter de dévorer le temps, créant de nouvelles envies, encore plus ambitieuses que les précédentes. A quand cette course allait-elle s’arrêter ? Inspiration, expiration. Enveloppée dans la nuit noire, elle essayait de deviner au loin se objectif. Soudain elle crue apercevoir son arrivée.

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