
Notes de début
Ce livre est entièrement tiré de faits réels : les lieux, les personnages, les événements. C’est un parti pris mais c’est pour cela que j’ai choisi de l’écrire à la première personne. Etant une rencontre, j’ai considéré nécessaire que le lecteur puisse saisir ma condition sociale pour comprendre mes réflexions et mes attitudes vis-à-vis de Majid. Ce livre parle simplement de ma vision de cette rencontre, mes doutes, mes joies avec cet homme. Il n’a aucunement pour prétention de revendiquer une vision qui se voudrait universelle, mais juste proposé un petit bout d’humanité autour d’une histoire vécue.
Toutes les conversations relatées dans ce livre, avec Majid et l’auteur, ont été traduite de l’anglais au français.
Chapitre I : « Être née Française »
Bonjour à toi cher lecteur.
Je m’appelle Eloïse. J’ai 20 ans. Je suis blonde, les yeux bleus et je fais 1m60. Je suis le physique cliché de la fille du nord. Souvent on me prend pour une suédoise ou une norvégienne. Mais non, pourtant, je réponds : je suis française. Mes parents sont français. Mes grands-parents sont français. Mes arrière-grands-parents sont français, comme leurs parents, leur grands-parents et leurs arrière-grands-parents … Un mot sur une carte d’identité et tout un imaginaire se créé. La baguette, le béret, la marinière, Paris. Et puis surtout, pour les étrangers, un accent très sexy… Je n’ai jamais quitté mon pays que pour faire des voyages en famille. Luxe que peuvent se permettre qu’une petite partie de la population française, et encore plus petite, quand on regarde à l’échelle mondiale. Je suis française. C’est comme ça, ça ne m’importe pas. Je suis née là où je suis née. Mon âme a choisi un corps, s’en est imprégné et mon premier souffle a marqué ma place dans un monde, qui lui, je n’ai pas eu le privilège de choisir. C’est ainsi qu’un 17 septembre 1999 à Villeurbanne, dans la région lyonnaise, j’ai poussé mon premier cri de douleur, qui m’a permis pour la première fois, également, de respirer en dehors de ma bulle. Le phénomène humain apparait, décris ainsi, si simple. On fait l’amour, on créé, souvent sans s’en rendre compte, et puis ce nouvel être atterri. C’est si simple et si compliqué à la fois. Car si moi je nais ici, pourquoi d’autres naissent ailleurs. Qui a la prétention de choisir cela pour nous, à notre place ?
Je suis donc né française, ce qui signifie autrement, que ce petit être, nommé « Eloïse », juste après être sorti du ventre de sa mère, est arrivé au monde sur un territoire délimité qu’on appelle « la France ». A l’échelle mondiale, on appelle aussi ce bout de terre « l’Hexagone ». Superficie : 632 734 km2 pour 67 millions d’habitants en 2015 selon Wikipédia. Ce qui est important ce n’est pas tout ça, enfin si un peu, mais ce n’est pas l’essentiel. Ce qui est important, c’est ce que font les Hommes sur un territoire. Tout ce tralala qu’on appelle plus communément « la politique », soit, les luttes de pouvoir pour gouverner. Je suis donc né française, en France, sur un territoire de régime politique républicain. On nous apprend à l’école l’Histoire de la France, des noms, difficiles à retenir, d’Hommes et de Femmes qui se sont battus pour avoir le mode de vie que les français ont aujourd’hui. Ainsi, les enfants vont à l’école, les Hommes et les Femmes travaillent, puis dépensent de l’argent, meurt, puis sont enterrés quelque part pour que leur proches puissent venir y déposer des fleurs, et puis parce que les morts ça pus… Ce qui fait qu’on est « envié » par certains autres pays de cette petite planète, c’est qu’on nous considère comme un « Etat démocratique » : basiquement, on a le droit de voter, d’élire nos dirigeants. C’est quelque chose qui m’est toujours apparu futile : je suis né dans un pays où il fallait voter, se bouger les fesses un dimanche de temps en temps pour aller déposer un bout de papier dans une boîte en verre. C’est comme ça et pas autrement, parce que je suis né française. Pourquoi cherchez plus loin ?